12/03/2014

5 idées reçues à propos des gladiateurs





Les gladiateurs sont parmi les premiers exemples de combattants s'affrontant dans une arène à des fins de spectacle, ils sont donc parmi les premiers dont on a relevé et vanté les exploits. Mais comme ce sont les plus anciens, ces relevés ont été sujets à de nombreux débats, et furent sources de nombreuses erreurs de jugement ou de traduction, qui, au fil des ans, ont été rectifiées par les historiens... mais sont toujours ancrées dans la conception commune que tout un chacun se fait des gladiateurs.

Ces conceptions se sont notamment développées à travers les fameux Films de gladiateurs des années 1950 et 1960. Revenons ensemble sur ces faits insolites qui n'en sont finalement pas.

1. Les gladiateurs étaient tous des esclaves ou des prisonniers de guerre

Si la majorité des gladiateurs entraient effectivement dans cette catégorie, plusieurs d'entre eux ne furent cependant ni prisonniers, ni esclaves, mais volontaires, à l'image de Flamma ou Marcus Attilius. Certains s'enrôlaient comme gladiateurs pour la gloire et l'amour du combat, d'autres pour ne pas mourir de faim : les gladiateurs étaient nourris et équipés par leurs sponsors, car il y'avait effectivement déjà des sponsors à l'époque (des sandales Nike, des épées Laguioles et tout ça). D'autres choisissaient de combattre pour l'argent et le statut : les gladiateurs talentueux n'étaient ni des fauchés, ni des basses classes sociales, bien au contraire : l'empereur lui-même entretenait des gladiateurs et parfois même, les couvrait de richesses : il n'était pas rare, ainsi, que des gladiateurs ayant offert de bons spectacles ou gagné de nombreux combats, gagnent en même temps un pécule qui leur permettait de subsister jusqu'à la fin de leur vie, pouvant être accompagné également de terres, voire des villas. Hormis un danger accru, la vie des gladiateurs ressemblait déjà beaucoup à celle de nos champions actuels en arts martiaux!

2. Les gladiateurs étaient tous de solides gaillards aux chromosomes XY

Indéniablement faux : en 60 après J-C, des femmes gladiateurs (des gladiatrices?) arpentaient l'arène en ajoutant une touche d'exotisme dans cette antre de l'enfer. Certaines se battaient seins nus, d'autres toutes équipés sur des chariots. On a même vu des nains combattre dans l'arène. Beaucoup de gladiateurs étaient plutôt mal en point du fait de leur malnutrition ou de leur statut d'esclave/prisonniers.

Une recherche récente indiquerait même que de nombreux gladiateurs ne se nourrissaient que de fruits et légumes, et qu'ils étaient pourtant gros et gras (selon : 2004, Institut Autrichien d'archéologie) : de gros végétariens loin de l'image de l'athlète sanguin que l'on se fait habituellement du gladiateur).

3. Les gladiateurs combattaient à la fois des hommes et des bêtes sauvages

Une idée reçue également, pour plusieurs raisons : les combats contre les bêtes sauvages étaient orchestrés  pour être menés par des groupes précis de combattants, les venatores et les bestiaires, qui ne combattaient pas contre d'autres humains, et représentaient une classe sociale inférieure aux gladiateurs. tandis que les venatores étaient spécifiquement entraînés pour combattre les animaux sauvages, parfois à main nue (les brutes!) les bestiaires constituaient plutôt de la chair à pâté pour ces mêmes animaux : il s'agissait généralement de combattants par défaut, en mauvaise condition physique, destinés à exciter et se faire tuer par les animaux sauvages (qui représentaient, eux, un investissement bien plus grand - et par conséquent, avaient suffisamment de valeur pour ne pas être mis trop vite en danger).

Les premiers combats de la journée opposaient venatores et bestiaires à des animaux peu agressifs tels que des autruches ou des antilopes. Le but principal consistaient à montrer les talents du venatores. Par la suite, les combats s'intensifiaient et les venatores ou les bestiaires pouvaient affronter lions, crocodiles, tigres, éléphants, rhinocéros...

4. Les combats de gladiateurs se terminaient souvent par la mort d'un des combattants

En fait, les gladiateurs représentaient pour leurs sponsors un investissement énorme, et ceux-ci n'étaient pas enchanté à l'idée que leurs combattants puissent mourir dans l'arène. Tout le monde le comprenait bien et dans la majorité des cas, le combat se terminait par l'abandon d'un des gladiateurs lorsque les blessures étaient trop importantes, ou l'abandon forcé (notamment, par la foule, par l'empereur ou le sponsor). 

L'historien Georges Ville a ainsi montré que sur 200 gladiateurs ayant combattu lors d'une courte période, seuls 19 d'entre eux étaient morts. Bien sûr, c'est toujours plus que dans les sports de combat actuel - mais c'est loin d'être un sur deux.

La plupart des gladiateurs dont la condamnation à mort était prononcée, étaient les lâches qui fuyaient le combat, ou ceux qui se débrouillaient vraiment mal (les deux ne représentant alors pas un investissement intéressant...). Pour chaque mort toutefois, l'organisateur des jeux devait une compensation en argent au maître du gladiateur. Aucun n'avait donc réellement intérêt à voir mourir les combattants, sauf exception (dite "sine missione", avant le combat, signe qui indiquait que l'un des gladiateurs au moins, devrait mourir lors du combat).

5. La condamnation à mort se prononçait avec le mouvement du pouce vers le bas.

Cette idée reçue et largement véhiculée par les médias tels que films et bandes dessinées a été l'objet de nombreux débats. Il n'y a qu'une seule référence à un combat précis qui opposait deux gladiateurs, et dont le narrateur relate que l'un d'entre eux a été condamné à mort par un tourné de pouce. Il n'est nulle part fait mention que ce signe soit général et qu'il ait été reproduit. Des historiens ont interprété ce récit de manière générale, parmi eux, certains évoquent le pouce en haut, d'autres le pouce en bas, d'autres encore, le pouce qui tourne... Mais en fait, la majorité des combats s'arrêtait lorsque l'on forçait l'abandon d'un combattant (comme expliqué dans le 4.), et pour ce faire, on utilisait généralement un mouchoir ou un morceau de tissu blanc (missio), de la même façon que le drapeau blanc ou la serviette signifie de nos jours, l'abandon.


 
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