11/03/2014

Combat de rue : le telegraphing





Dans un combat en dojo ou en compétition, l'une des premières choses que l'on apprend à faire et d'observer l'adversaire. Observer peut signifier beaucoup de choses : repérer les appuis, les faiblesses, les mouvements, le contexte... En fait, l'observation regroupe un grand nombre de paramètres, et elle possède une part instinctive - qui peut jouer contre nous en combat de rue.


Observer l'adversaire permet de repérer les signes avant-coureurs d'une attaque. Le combattant spécialisé a appris à repérer ces signes avec davantage d'acuité que le citoyen ordinaire, mais il a appris surtout, à les étouffer dans l’œuf chez lui-même. La plupart des signes avant-coureurs de mouvements sont tout à fait involontaires : serrer le poing avant de frapper, positionner son appui pour exécuter un mouvement... La légende veut que les célèbres et amples kimono de Kendo (les Keikogi Hakama) servent avant tout à cacher le mouvement des pieds et des jambes à l'adversaire.

Le combattant en mode "livre ouvert"

Tous les signes annonciateurs de cet acabit sont regroupés sous le terme Telegraphing, qui désigne chaque mouvement et signal qui indique à votre adversaire que vous allez passer à l'attaque ou effectuer un mouvement dans un bref instant. Le telegraphing est instinctif et incontrôlé chez les combattants non-aguerris ou non-entraînés, et il permet à votre adversaire de savoir à l'avance que vous allez frapper.

Avant chaque mouvement effectif, avant de faire quoi que ce soit, votre corps produit automatiquement une série de mouvements préparatoires destinés (en théorie) à faciliter la réalisation de vos intentions immédiates. Certains signes n'indiquent que peu de choses (plisser les yeux), d'autres sont plus significatifs (reculer le bras). Certains, finalement, sont de véritables incitations au contre : lever le bras, prendre soudainement une respiration profonde, détendre les épaules... Ces signes encouragent instinctivement l'adversaire à vous attaquer immédiatement.

Globalement, le telegraphing permet à votre adversaire d'éviter plus facilement vos coups, de vous attaquer au bon moment ou de contrer avec davantage d'efficacité. Même un combattant novice repère une large proportion de ces signes (bien qu'il ne sache pas toujours comment les interpréter et les utiliser). 

Le telegraphing en combat de rue

Dans n'importe quel combat - et encore plus en combat de rue, si vous n'êtes pas habitué, votre adversaire saura quasiment en même temps que vous ce que vous allez faire. C'est pour cette raison que les coups décisifs sont rares et que la majorité des petits combats de rue entre adversaires peu habitués, se terminent par terre au contact étroit, chacun agrippant l'autre sans pouvoir donner de réel coup.

Grâce au fichu telegraphing, être l'assaillant vous désavantage, en vous exposant à un contre et en diminuant l'efficacité de votre attaque. C'est régulièrement celui qui réagira à un coup de poing manqué (l'adversaire assaillant sera régulièrement déséquilibré ou mal positionné après cela) qui effectuera le coup le plus dévastateur, non seulement parce qu'il prend l'adversaire en position de faiblesse - l'avantage du contre - mais également parce que l'adversaire, après une attaque, n'a pas pu repérer les signes avant-coureurs, occupé qu'il était par ses propres mouvements.

Il est donc nécessaire d'entraîner son corps et son esprit pour éviter de donner des signes trop flagrants de vos initiatives. Plus que cela, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, le combat entre personne peu habituées se détermine souvent par celui qui loupe son coup, celui qui attaque le premier. Si votre défense est bonne, vous aurez l'opportunité accrue de l'attaque après que votre adversaire se soit lui-même mis en position d'être démonté prompto.

 
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