19/10/2014

Jigorō Kanō et la naissance du Judo





Jigorō Kanō (28/10/1860 - 04/05/1938) est le maître inventeur du Judo, l'art de la souplesse, dont il a créé et enseigné les bases à partir de 1882. Pour ce brillant étudiant en sciences politiques, cette nouvelle discipline n'a pas pour but, comme les anciens arts combattants, de se battre contre d'autres ou contre soi, mais d'enseigner à l'homme, à s'épanouir et s'intégrer à la société pour servir l'humanité. C'est ainsi que sont enseignés avec les techniques, de nombreux principes de vie et les réflexions qui amèneront l'élève combattant à s'élever physiquement mais aussi spirituellement pour améliorer ses techniques, mais aussi sa vie et également celles de ses concitoyens.

Un frêle étudiant qui s'inspire d'horizons divers

En, 1874, le jeune Kanō (14 ans) mesurait à peine 1m57 et ne pesait que 41 kg. Cette constitution relativement faible faisait de lui une cible pour les autres enfants, jusqu'à ce qu'un ami de la famille, Nakai Baisei, par ailleurs membre de la garde du Shogun, lui montra quelques mouvements de Jiu-Jitsu, démontrant ainsi la possibilité grâce aux techniques de cet art, qu'un homme relativement petit puisse soumettre un adversaire plus imposant. Cet événement constituera le point de départ de l'entraînement de Jigorō Kanō. 

Lorsqu'il arrive à l'université impériale de Tokyo, il cherche parmi les hommes de médecine celui qui pourra le renseigner sur ce qui pourrait être le plus puissant des arts martiaux : l'idée, était que les Bonesetters, les "ancêtres" des osthéopathes et autres chiropracteurs actuels, étaient en fait les mieux placés pour savoir quel art martial était le plus dangereux. Il apprend donc, sous l'influence de Fukuda Hachinosuke, l'art du Tenjin Shin'yo Ryu, se basant sur le Jiu-Jitsu. Jigorō Kanō s'appliquera à s'inspirer de sources diverses pour battre son maître lors de l'entraînement : par exemple, il emprunte la technique du fireman's carry utilisée par les pompiers, les militaires, pour transporter une personne (et accessoirement, par les lutteurs et catcheurs, pour projeter au sol), afin de réussir et d'améliorer un type de projection pour qu'un combattant relativement faible puisse tout de même projeter un adversaire plus imposant. Cette technique sera plus tard connue sous le nom de Kata guruma.


Parfaire et augmenter les techniques pour combattre plus intelligemment

Après la mort prématurée de son maître, Jigorō Kanō continue son apprentissage auprès de l'ami de Fukuda, maître Masamoto Iso, qui excelle non seulement dans le Jiu-Jitsu, mais également l'Atemi (l'art de frapper les points vitaux). A noter également qu'après la mort de Fukuda, sa veuve lui aurait confié les parchemins du Dojo, en faisant ainsi un des enseignant les plus jeune de sa génération. Très appliqué, persévérant et soucieux des techniques, il maîtrise rapidement plusieurs styles de ju-jitsu, mais se heurte, lors d'une démonstration de Yōshin-ryū jūjutsu par Tsunetoshi Iikubo, à des étudiants très doués contre lesquels il semble ne pouvoir rivaliser. 

Pour pouvoir les battre, il se rend compte qu'il ne peut pas se contenter de s'entraîner plus durement, mais doit également s'entraîner plus intelligemment. C'est de cette expérience qu'il tire la conviction qu'un entraînement ne peut se limiter à l'aspect physique, mais doit également inclure des principes et préceptes spirituels, des techniques autant que de la théorie, réflexions sur la théorie incluses. Pour cela, il repart notamment à l'entraînement avec Iikubo Tsunetoshi, un expert des projections et des Katas, maître de Kitō-ryū. 

Repenser les techniques au niveau fondamental

Pour le vaincre lors des randori, Kanō va s'inspirer du principe "casser la posture adverse". Alors qu'au début de l'entraînement, Iikubo projetait sans cesse Kanō, les rôles finissent par s'inverser, au grand dépit d'Iikubo qui ne comprend pas comment et pourquoi son élève obtient une tel succès, de manière aussi régulière. Kanō explique ainsi à son maître que, avant de projeter, il semble plus efficace de parvenir à rompre la posture de l'adversaire, le déséquilibrer, cet état facilitant alors le mouvement de projection qui suit. Selon Kanō, Iikubo aurait reconnu la véracité de ces propos, le talent de son élève et lui aurait confirmé qu'il n'avait alors plus rien à lui apprendre, le gratifiant par la suite de tous ses livres et parchemins de l'école Kitō-ryū. Cet événement pourrait signer la naissance du Judo, comme successeur du Kitō-ryū.

C'est ainsi à partir de 1882 que naît le Judo Kudokan, avec une poignée d'élèves. Jigorō Kanō sera à l'origine de nombreux changements au sein d'une grande partie des arts martiaux, en insérant par exemple la codification en ceintures et en degré (Dan), les principes de souplesse consistant à céder à la force de l'adversaire pour l'utiliser contre lui-même, ou l'art de faire le minimum d'effort pour obtenir néanmoins l'efficacité maximale. Le maître participera également à l'essor de sa discipline au niveau national puis international en organisant et participant à plusieurs rencontres sportives ou culturelles qui permettront au judo non seulement de se faire connaître par un plus large public au Japon (Plus de 1000 pratiquants officiel ayant obtenus un rang en 1911), mais d'acquérir une notoriété en temps qu'art martial, jusqu'en Occident, et jusqu'aux Jeux olympiques.

 
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